La folie derrière les murs....

Elle poussa la porte et s'avança dans le manoir.
Ses yeux mirent quelque seconde à s'habituer à l'éclairage de la pièce.
Elle rejeta alors la tête en arrière, secouant ses longs cheveux de jais gorgés d'eau de pluie.

Elle pris le temps d'observer le hall.
Magnifique.
Elle se sentait bien.

Elle défit alors les lacets de sa cape.
Elle était vêtue d'une ample robe noire à traine, ressérée à la taille par un magnifique corset violet.
Son arrivée provoqua un silence, les conversations s'étaient arrêtées d'elles même.

Elle commença à traverser le hall, son port fier défiant toute remarque.
Elle s'arrêta au mileu de la piece.
Elle fit une légère révérence -une personne de son rang, même déchue, ne pliez jamais le chef devant personne.
- Me permettez vous de rester quelques temps en votre demeure?

Le maître du manoir, alors retiré seul dans une pièce calme du manoir, sentit soudain le trouble provoqué dans l'esprit collectif de la demeure par l'entrée de la nouvelle venue. Comme une vague mêlée de curiosité enthousiaste et de méfiance. Il y avait fort longtemps que nul visiteur ne s'était présenté à ses portes, et la perspective de cette nouvelle rencontré aiguisait également sa propre curiosité.

Il rejoignit rapidement le hall et prit le temps de détailler la jeune femme tandis qu'elle regardait attentivement autour d'elle, nullement impressionnée par les splendeurs défraichies de la vieille demeure mais manifestement conquise par la sensation de paix qui en émanait.

Le fait que tous les regards soient braqués sur elle ne semblait pas la mettre mal à l'aise... elle devait y être accoutumée, ne serait-ce que par le fait de son élégance si naturelle qu'elle en semblait innée et la finesse de ses traits. Ses magnifiques cheveux devaient également produire leur petit effet...

Un serviteur la débarrassa avec prévenance de sa cape ruisselante.

"Me permettez vous de rester quelques temps en votre demeure?"

La question, troublant le silence, fit sursauter le maître qui sortit sur-le-champ de son mutisme admiratif. Il sortit des rangs et vint s'incliner respectueusement devant la dame. Puis il lui adressa ces mots :

"Vous pourrez rester céans aussi longtemps que vous le souhaiterez. Il y a toujours de la place en ces murs pour quiconque n'en trouble point la paix"

Il se tut, se perdant à nouveau dans la contemplation de la nouvelle habitante. Le reste de l'assemblée s'abstint de commentaires. Il avait décidé, maintenant il ne tenait qu'à elle de montrer au fil du temps qu'elle avait bien sa place dans le manoir...

Elle vit un homme sortir des rangs et s'incliner devant elle:
-Vous pourrez rester céans aussi longtemps que
vous le souhaiterez. Il y a toujours de la place en ces murs pour
quiconque n'en trouble point la paix
Elle fut surprise par la douceur de sa voix et, lorsqu'il se redressa elle le détailla plus attentivement: son teint pâle devait provoquer bien des jalousies chez les dames et son regard franc et clair lui plut aussitôt, elle pensait pouvoir avoir confiance en lui plus qu'en aucun auparavant.
- Je vous remercie.
Elle contempla l'assemblée une nouvelle fois puis se tourna de nouveau vers lui:
- Me serviriez vous de guide en cette demeure?

l'Ange revenait d'une promenade longue de plusieurs semaines. Il s'était absenté sans prévenir personne et cela l'avait tracassé les premiers jours mais il était sûr qu'on ne lui en tiendrait pas rigueur.

Le besoin de voler à nouveau ainsi que celui de la solitude, la vraie, l'avait saisi violemment, si violemment qu'il n'avait pas même préparé d'affaires et s'en était allé avec pour seuls habits ceux qu'il portait.

Un petit saut à la Tour des Brumes pour se laver et se changer lui avait permis de voir une silhouette se diriger vers le manoir. Il n'avait pas l'impression de la connaitre et c'est avec sa curiosité habituelle qu'il décida de se hâter pour être dans la salle lorsqu'elle se présenterait.

Il avait presque réussi son paris et son bruissement d'ailes avait été masqué par la voix du Maitre des lieux.

Il les observa un instant et sourit légèrement. Lorsque la Dame eut demandé à Lestat s'il pouvait la guider, Datenshi s'avança, se plaça à côté du maitre, fit une révérence tout en regardant la nouvelle arrivante dans les yeux avec, toujours, ce léger sourire et disparut aussitôt.

Comme à son habitude, elle était restée dans l'ombre, attendant de voir comment la nouvelle venue allait agir. Elle semblait parfaitement à son aise en ces lieux, comme s'ils l'avaient toujours attendue.

NsL restait pour le moment dans l'ombre. Elle n'avait pas envie d'apparaître tout de suite devant la nouvelle venue. Il n'y avait pas de raison particulière à cela. Il lui semblait que ça serait contraire à l'ordre des choses que d'apparaître aussi brusquement devant cette dame. Les choses devaient se faire à leur rythme.
Aussi restait-elle dans l'ombre attendant le bon moment.

Datenshi fit une apparition aussi rapide qu'inattendu, ce qui la fait sourire. Elle attendit encore un peu que la demoiselle enregistre la présence de l'ange.
Puis elle sortit enfin de l'ombre
Elle se tint droite devant elle, se contenta de sourire et hocha la tête. Les mots semblaient inutils.

Elle venait de croiser le regard d'un ange lorsqu'une femme s'arrêta devant elle.

Leurs regards se trouvèrent presque instantanément.
Elles restèrent ainsi un long moment.
Des sourires se dessinèrent sur leurs lèvres mais tous restèrent figés.
Les mots seraient ici obsolète.
Nul besoin de s'exprimer pour l'instant.

Au bout de plusieurs minutes d'immobilité elle tendit son bras à cette inconnue:
M'emmèneriez vous visiter ces lieux?

Le maître des lieux était sorti de ses pensées.
Elle souhaitait ressentir encore cette paix sereine qui l'avait envahit lorsqu'elle avait plongé ses yeux dans ce de cette femme.

Elle s'arrêta. Il était rare qu'on lui demande à elle de mener la visite. D'autant qu'elle était encore très loin de connaître le manoir sur le bout des doigts. Elle hésita donc un bref instant. Elle continua cependant de sourire et se décida donc à répondre:

Pourquoi pas si vous le voulez. Je ne peux malheureusement pas vous montrer tous les secrets de ce manoir... Je n'en connais moi même qu'une infime partie. Peut être qu'un habitant plus ancien que moi saura plus à même de vous faire découvrir la batisse. Mais en attendant si vous le souhaitez je peux toujours vous conduire au salon où vous pourrez vous reposer de votre voyage et peut être rencontrer quelques uns des autres habitants...

Et pour illustrer ses propos, elle accepta le bras de la nouvelle venue pour la guider

Amphétamine poussa à son tour la grande porte, regetant en arrière la capuche de sa cape trempée. Elle revanait d'une longue promenade dans les bois durant laquelle elle avait pu rêver à sa guise, mais était néanmoins heureuse de rentrer dans cette demeure chaleureuse.
Bien vite elle comprit qu'une nouvelle arrivante venait de faire son entrée, une Dame à l'alure noble.

Elle se sentit une fois de plus déplacée. Vêtue simplement quoiqu'avec élégance, ses grands yeux doux et inocents (en apparence) ainsi que sa petite taille lui conféraient une allure plus lutine qu'aristocrate.
Certes elle avait été princesse des forêts, et elle concervait toujours cette aura qui imposait le respect, mais entourée de toute cette noblesse, elle ne pouvait s'empêcher de penser qu'aujourd'hui elle n'était qu'une vagabonde indigne de se trouver ici.

Elle salua la nouvelle venue avec une grâce inatendue.

- Je suis sans doute la dernière à vous le dire, mais soyez la bienvenue ici. Je vois que Nsl a l'intention de vous faire visiter cette magnifique demeure, aussi je ne vous retiendrai pas longtemps.

Il fut un temps où Nessa était souvent présente en ces lieux. Mais elle revint, quelque mois après, d'une longue promenade solitaire, à la recherche d'un nouveau "cocon" qui fut un échec à ses yeux. Mais c'était ici qu'elle se sentait en sécurité. Elle vint alors, marchant nu-pieds, discrètement, essayant de se dissimuler dans l'ombre, sans un bruit, afin d'observer la scène qui se déroulait sous ses yeux. Une inconnue venait de faire son apparition, quelqu'un qui semblait sociable et très à l'aise. Elle se sentit alors rassurée qu'aucun intrus n'avait pénétré les lieux. L'ange déchu était de retour, amoché, les genoux écorchés, le ventre vide, les os saillants et les cheveux ruisselants d'eau de pluie. Elle avait passé sa nuit dehors, et revenait d'un long périple, qui avait failli lui coûter la vie. L'une de ses ailes était teintée de rouge -sûrement de sang- mais elle ne ressentait plus la douleur de cette blessure. Elle se faufila, telle une voleuse, essaya en vain de se faire toute petite pour qu'on ne puisse pas la remarquer. Elle empoigna fermement la poignée d'une porte en chêne massif, la poussa de toutes ses forces et pénétra dans la pièce. Elle tira un rideau poussièreux qui empêchait la lumière du soleil d'éclairer cet endroit. Tout était déjà plus clair. Elle fouilla, souleva des bouts de tissus, des livres, à la recherche de soins et de nourriture, mais en vain, elle ne trouva qu'un ridicule lambeau de soie qu'elle enroula autour d'un de ses genoux ensanglanté. Elle se retourna et vit un amas de coussins -poussièreux eux aussi-, mais elle avait besoin de repos. Elle s'assieds alors, posa sa tête contre le mur de pierres, ferma les yeux et attendit que le marchand de sable passe...